29 Juillet 2018
Cela fait maintenant 9 mois que nous sommes de retour après ce long voyage d'un an autour du monde, et c'est une épreuve en soi que le retour:
On savait que le choc serait là, plus ou moins important. Après avoir traversé tant d'épreuves, avoir été au bout de nos limites, avoir enduré les pires trajets de notre vie, retrouver notre petit confort quotidien paraissait loin d'être la pire des épreuves... mais en fait non ! C'est bien une des plus rudes épreuves.
Plusieurs points font que le retour est difficile:
- les effets de l'adrénaline qui s'en vont:
Etre booster à l'adrénaline chaque jour, avoir de nouvelles expériences, voir des paysages différents chaque jour, vivre et expérimenter de nouveaux sports, connaitre des personnes nouvelles...
Et lorsqu'on rentre c'est tout de suite le retour à la monotonie, aux petites habitudes, au train train quotidien.
- L'impression que notre liberté disparaît:
Car en voyage, c'est de la pure liberté, on ne sait pas où on va, on ne sait pas quand on y va, mais on y va quand on veut et où on veut. Il n'y a presque plus aucunes contraintes , les seules étant de rester en bonne santé, de trouver à manger et où dormir. On n'a plus à se soucier des regards des gens, on a cette sensation incroyable de liberté. On n'a plus à penser au passé ni à l'avenir, on est ancré dans le moment présent, on profite juste de notre expérience à un instant précis.
Alors oui des fois il faut quand même organiser un peu le séjour pour la suite, mais ce n'est rien comparer à la frénésie des paperasses quotidiennes de la vie sédentaire. Toutes ces factures nous enchainent à des contrats et à une vie bien organisée.
- Revenir dans notre société et notre quotidien:
Dans ce voyage, on a été souvent hors de notre zone de confort, mais bizarrement on s'habitue vite à bourlinguer, à changer de lit chaque jour, à s'adapter à une nouvelle culture, une nouvelle langue...
Et finalement au retour, c'est le quotidien qui est la zone d'inconfort, il faut donc reprendre ses repères et se forcer à aimer cette vie. Car le bonheur ne vient pas des éléments extérieurs mais de comment on appréhende la vie.
Le bonheur est à l’intérieur de nous, pas à l’extérieur. Mais on a tendance à l'oublier, et il faut donc se reconstruire dans cette "ancienne" vie.
- Se sentir seul dans nos souvenirs:
Malgré le fait de revoir les proches , on se sent un peu seuls dans nos souvenirs... On a tous ces souvenirs dans la tête et on ne veut pas les oublier, mais on n'est les seuls à les avoir vécus. Les premiers instants sont euphoriques où on partage ses souvenirs avec les proches puis il y a le présent qu'il ne faut pas oublier, et ça fait un peu comme une sensation que rien n'a existé et que toute cette année n'était qu'un rêve déjà bien lointain.
En effet les premiers temps sont euphoriques : revoir la famille, les amis, les proches, retrouver le fromage qu'on a rêvé des centaines et des centaines de fois pendant notre voyage, se délasser dans un bon matelas, avoir enfin une bonne douche bien chaude avec un vrai jet, ne pas avoir à faire 10h de trajet en bus pour faire 200 km, ne pas avoir à chercher à manger à tous les repas...
Finalement on est aussi un peu déçu des gens, qui nous posent une ou 2 questions sur notre voyage et c'est tout !!! et bien sur pour nous ça paraît incroyable, déjà qu'en voyage des qu'on croisait un voyageur ça pouvait nous amener à des heures de discussions sur ce qu'on avait déjà fait en voyage, mais là pratiquement rien, on reprends nos discussions d'avant le voyage, vraiment comme si ce voyage n'avait jamais existé, que tout ce qu'on avait vécu, ressenti pendant un an, n'était que du vent et du rêve !!! Les proches t'écoutent 30 minutes, te posent 2-3 questions et on repasse vite sur les choses du quotidien, loin de cette notion de voyage.
alors oui on a cette envie horrible de repartir, un peu comme pour fuir ce quotidien, cette vie qui nous paraît un peu comme un simulacre de vie, où la liberté n'est qu'un mot et non un sentiment qu'on peut vivre pleinement comme en voyage. On a vécu un an de liberté, d'aventures et de rencontres et on revient dans ce quotidien et cette société où les gens se disent à peine bonjour, alors oui c'est dur, mais il faut bien manger et gagner un peu de d'argent pour repartir de plus belle avec d'autres projets de voyage ou pas, se reconstruire, se réadapter. Car oui le Voyage ça change littéralement et entièrement une personne, sa vision des choses n'est plus la même. Il y a un avant et un après voyage.
Au final en farfouillant sur internet on voit que le retour de voyage est une épreuve à passer assez dure pour beaucoup beaucoup de voyageurs. On se sent réenchainé à la vie quotidienne, ne plus avoir cette sensation de liberté intense et de vivre l'instant présent comme on peut le faire en voyage.
Le matérialisme ambiant de cette société est aussi très dur à vivre après avoir vécu avec peu et mieux, regarder la télé et voir que des mauvaises nouvelles alors qu'en fait le monde est juste incroyable, les gens sont justes incroyables et gentils. Ce monde n'est pas aussi mauvais qu'on voudrait nous le faire croire. On ne se fait pas agresser à chaque coin de rue, et quand on est dans la galère les gens viennent nous aider et pas nous enfoncer. Voilà la première leçon qu'on apprend en voyage et qui est surement la plus importante. Que la vie c'est une chose incroyablement belle, qu'il faut absolument profiter d'elle au maximum, croire en ses rêves et les réaliser, aider les autres pour s'aider soi même. Mais malheureusement dans cette société consumériste on a tendance à oublier tout cela, à croire que l'argent fait le bonheur, à être égoïste et égocentrique, avec les réseaux sociaux qui nous font oublier les vrais relations humaines alors qu'on a pu finalement rencontrer des personnes qui n'avaient presque rien et qui donnait tout, qui étaient incroyablement généreuses, et pas seulement intéressées par l'argent.
Les solutions (enfin ce qui peut potentiellement vous aider):
Préparer le retour: Organiser son retour, savoir où vous dormirez, avoir une bonne pause avant de reprendre le boulot sans trop tarder car cogiter après le tour du monde n'est pas bon non plus. De plus c'est dur de passer d'un voyage où chaque jour on fait pleins de choses, on voit pleins de choses différentes à un retour à la maison sans rien faire pendant plusieurs semaines, avoir déjà quelques projets qui vous passionnent en rentrant.
Essayer de rentrer en été ou printemps: passer d'un 30° avec ciel bleu du Canada (et globalement à un an d'été), à un automne très très morose où on n'a pas vu le soleil pendant un mois, ça été un gros choc pour nous avec un réel manque de soleil. Alors si vous pouvez rentrer en été, cela vaux mieux.
Soyez actif: faites une activité sportive ou qui vous passionne, pour toujours pallier le manque d'adrénaline et ne pas passer du tout à rien.
Organiser vos prochains voyages, faites vous des week end hors de chez vous: une petite escapade, pas forcement loin, permet de se faire une pause "voyage" et de nouveauté qui fait vraiment du bien sur un week end ou sur une semaine. Même en France il y a pleins de choses à voir, et parfois on connait moins bien les environs de notre région ou notre propre ville que les endroits où nous sommes déjà aller en vacances, c'est donc l'occasion de visiter les proches environs.
Revivez un bout de votre voyage: que ça soit en continuant votre blog (si vous en avez un), en le peaufinant, en triant les centaines de photos de votre voyage, ou pourquoi pas en faisant un livre ou des albums photos, en partageant avec d'autres passionnés du voyage, des proches intéressés... celà va vous permettre de réaliser que votre voyage n'était pas un rêve mais bien une réalité.
Pour notre part, nous continuons bien sur le blog, on est en train de réaliser un livre photo sur notre tour du monde, et des que se présente l'occasion de parler de voyage avec d'autres voyageurs, ça peut être des heures de discussion à n'en plus finir.
Pour notre part, on a chacun des projets qui nous tiennent à coeur, Camille fait une formation en médecine chinoise de 3 ans, Thomas est devenu Pilote de drone professionnel, et bien sur ensemble les voyages et la vidéo/ photographie sont toujours des éléments qui nous passionnent. En septembre, nous passons 10 jours en Islande, et ça va faire grandement du bien. Mais l'envie de voyage est toujours là, présente et ancrée dans notre esprit (et surement à jamais), l'idée d'une autre vie, d'un autre présent. On sait que l'on repartira pour un long voyage et c'est déjà prévu. On prépare ce voyage petit à petit déjà dans notre tête, sans avoir pour idée de fuir mais pour vivre autrement peut être pour pas longtemps, on verra ce que nous réserve l'avenir mais nous sommes optimistes. Car la vie actuelle dans cette société ne nous paraît pas la plus idéale alors nous allons chercher tout au long de notre vie celle qui nous paraît la plus juste. Et on a eu plus d'une fois envie de prendre un billet d'avion sans retour pour l'étranger, mais on se réhabitue petit à petit, et la déprime devient de plus en plus loin, on se fait des projets pour l'avenir avec le voyage en toile de fond.
Mais oui on revient très vite à notre métro boulot dodo (enfin plutôt voiture boulot dodo), à nos petits habitudes,même si on ne sent pas toujours à notre place dans cette société consumériste qui va trop vite. On a l'impression d'avoir du temps mais en fait on en manque toujours plus, où sont ces moments où on est juste là à regarder pendant 30 minutes un paysage et à faire le vide, où sont passés ces moments sans sollicitations, où on peut apprendre à connaitre une personne rencontrée dans la rue.